Les conséquences de la pluie sur la vendange 2024

En région méditerranéenne, les pluies orageuses ont été marquées par une forte disparité entre les cumuls pluviométriques, parfois sur des distances très faibles, de quelques kilomètres. Ces pluies ont parfois été accompagnées de grêle qui n’a pas entraîné de dégâts majeurs, mais a fragilisé la vendange en créant des impacts sur le raisin.

Les conséquences sur la vigne sont très marquées selon l’importance des pluies.

Dans les secteurs à fortes pluies, supérieures à 20 mm : dilution

Grossissement des baies supérieur à 5 %, coup d’arrêt à la progression des degrés potentiels, malgré un chargement en sucres qui reste très actif.

Dans les secteurs à cumuls modérés : 10 à 20 mm : légère dilution

Les degrés potentiels progressent peu, entre 0,7 et 0,9 % vol sur la semaine.

Dans les secteurs à faible cumul : retour à un rythme normal de maturation

Quand les pluies ont été inférieures à 5 mm, on observe après 2 semaines de progression très rapide des degrés potentiels, supérieurs à 1,5 % vol voire 2 % vol, un retour à un rythme plus normal de l’ordre de 1 % vol sur la semaine. La baisse des températures observée cette semaine devrait consolider cette tendance pour la semaine prochaine.

Fragilisation du raisin

Des impacts de grêle ont été observés localement, avec des éclatements de baies et un développement de foyers d’Aspergillus, y compris dans des secteurs littoraux avec peu de cumul de pluie. Les dégâts de Cryptoblabes continuent à progresser, ainsi que les captures d’adultes dans les pièges.

Un patchwork des maturités selon la cartographie des orages

Les pluies ont créé un nouveau niveau d’hétérogénéité, à l’échelle des territoires. Compte tenu du caractère très localisé des orages, les phénomènes de dilution peuvent côtoyer des progressions normales de maturation à quelques km de distance.

 Confort hydrique des parcelles

A part quelques exceptions, très peu de symptômes de stress hydrique sont observés au vignoble, et le feuillage reste vert et actif dans la majorité des parcelles.

Quels sont les effets de la pluie sur la vigne ?

Pendant la pluie et juste après, la grappe s’alourdit de l’eau présente à l’extérieur de la pellicule. Cette eau, tant qu’elle est présente, entraîne une dilution “externe”, qui peut être importante, mais de courte durée : 24 à 48 h max. Il faut attendre que le raisin soit ressuyé.

La dilution “interne”, absorption d’eau par la vigne allant vers les baies, induit des changements beaucoup plus durables de la composition du raisin. Toutes les parcelles ne réagissent pas de la même manière.

• Les parcelles à sol filtrant, dans lesquelles l’eau pénètre rapidement, tendent à gonfler et à diluer rapidement.
• Les vignes vigoureuses, à arrêt de croissance tardif ou partiel, à grosses baies, réagissent le plus violemment : fort grossissement des baies, forte dilution. Les parcelles peu vigoureuses, à arrêt de croissance total, à petites baies ont tendance à assimiler moins d’eau.
• Les raisins en fin de maturation, dont le flux phloémien s’est arrêté naturellement, absorbent moins d’eau que les raisins en cours de maturation.

Les conséquences sur le raisin dépendent en grande partie de ces différents niveaux de réaction :

• Quand les pellicules sont épaisses ou les grappes lâches, la dilution est modérée, surtout à maturité élevée. Quelques jours après la pluie (3 à 5) le raisin retrouve une composition équilibrée. La pluie peut faciliter l’achèvement de la maturité phénolique : il faut généralement 7 à 10 jours pour cela.
• Quand les pellicules sont fines, les grappes compactes, il y a de forts risques d’éclatement ou de pourriture, surtout si le raisin est proche de la maturité. La dilution est aussi plus marquée (perte de 1 à 1,5 % vol), mais l’état sanitaire du raisin ne permet pas toujours d’attendre que le raisin retrouve sa composition antérieure. Il faut alors vendanger une vendange « mûre diluée ».
• Quand le raisin est loin de la maturité, la dilution entraîne un retard de maturation. Si les pellicules sont épaisses et le raisin sain, il n’éclate pas. Il y a seulement un fort ralentissement de la cinétique de maturation.
• Les raisins des vignes stressées vont prendre un peu de poids, mais certainement pas éclater. Leur pulpe va mûrir un peu plus normalement, mais ils n’atteindront pas la maturité phénolique (pellicule + pépins mûrs).

Les observations ci-dessus concernent le comportement de la vigne après un épisode pluvieux d’intensité « normale », inférieur à 50 mm.

Pour aller plus loin, contactez votre consultant viticole ICV    

Source : Flash Info Vendanges ICV du 23 août 2024